Ce soir, c’était sorti navigation ! Du moins, c’était l’envie qu’avait Mitsu et, cette fois, hors de question de prendre la barque toute seule ! Feren avait besoin de prendre l’air et de se changer les esprits, et ça pourrait peut être l’aider un peu. Ce qu’il avait vécu était loin d’être la chose la plus agréable et tout ce qu’elle souhaitait, c’était qu’il oublie un peu tout ceci le temps d’une soirée. C’était pour cette raison que la professeure était venue l’embêter à l’infirmerie ! Hors de question de le laisser tout seul ! Et comment faire pour le faire penser à autre chose ? Une sortie, comme au bon vieux temps !

Il avait bien entendu accepté la sortie et rien que ça fit plaisir à la navigatrice !

La plage ne valait sans doute pas celle qu’on pouvait trouver à Nihes mais c’était toujours ça de prit ! Cela suffisait certainement pour une petite virée tranquille. Cette fois, pas de goéland en vue et le temps serait sans doute clément suffisamment longtemps. Et puis, pas de grosses vagues ou de tempête de prévu donc pourquoi ne pas en profiter ?

Appréciant l’aide que son ami lui filait, la barque se retrouva bien rapidement sur l’eau. Légèrement amusée par les remarques de Feren, Mitsuko croisa les bras sur sa poitrine.

- Remettez-vous en question mes talents de retapage de barque, mon cher ami ?
Evidemment qu’il la taquinait, évidemment qu’elle le taquinait aussi. C’était tout le temps comme ça, et visiblement, ce dernier n’avait eut aucun effet sur cette relation. Heureusement, c’est beau une amitié qui semble identique malgré les années qui passent. Mais pour en revenir à la barque, celle-ci était tout de même en meilleur état que celle qu’ils utilisaient à Nihes… N’est-ce pas ? Et puis, Mitsu y avait apporté quelques petites réparations pour être certaines que l’embarcation de fortune ne prenne pas l’eau dès que quelqu’un monte dessus.

Ses yeux parcoururent rapidement le ciel. Même si elle était certaine qu’il n’y aurait pas de goéland planifiant une attaque aérienne, la prudence n’était jamais de trop. D’autant plus lorsqu’on connaissait leur passif avec ces poulets volants.

- Alors, fait juste attention aux goélands, qu’on ne se retrouve pas à remettre sur pied un des meilleurs infirmiers de l’académie !
Cet événement était encore profondément ancré dans l’esprit de Mitsu mais qui s’en amusait toujours autant.

L’air amusé qu’affichait Mitsuko n’était pas près de disparaître ! Cela faisait tellement longtemps que les deux amis ne s’étaient pas retrouvés à faire ce genre de bêtises !

- J’espère bien que vous n’en avez pas envie… Mais je réserve un sort bien plus terrible que lke passage par-dessus bord. Il se trouve que de terribles oiseaux survolent l’eau assez souvent. Ils font de redoutables adversaires.
Mitsu arqua doucement un sourcil. Non mais vraiment ! C’était petit ça ! A ce moment là, la jeune fille qu’elle était n’avait pas le moindre pouvoir, et encore moins de quoi se retaper convenablement ! Prenant une moue faussement boudeuse, elle croisa les bras.

- De toute manière, tu as triché. Nous n’avons pas tous la chance d’être une pharmacie ambulante !
C’est vrai qu’elle était restée quelques jours au pieu pour récupérer autant que possible ! Ce fut sans doute le seul moment où elle ne quitta pas sa chambre pour le grand air et la plage ! Pourtant, ce n’était rien de plus qu’un très gros rhume !

Clairement flattée, le visage de la jeune femme prit une expression satisfaite.

- Vous n’étiez pas trop mal à l’époque, camarade ! Mais voici la question : avez-vous perdu la main ?
Il espérait ne pas trop l’avoir perdu. Eh bien, il n’y avait qu’une chose à faire pour voir ce que ça donnerait ! Prendre la mer et naviguer, même quelques minutes ! Cela donnerait sans doute des réponses satisfaisantes !

- Je pense qu’on est plus en sécurité ici qu’à Nihes malgré tout ! Y’a moins de volatils en ce moment.
Attrapant une des rames, elle la plongea à l’eau, laissant la seconde à son ami. Non mais, elle n’allait pas tout faire toute seule voyons !

La capitaine sans navire –la barque ne compte pas hein- gardait un air amusé, une lueur plus joueuse qu’autre chose brillait au fond de son œil visible.

- Je promets de protéger mon équipage contre les terribles assauts !
Avec quoi, bonne question, mais elle prenait son rôle très à cœur ! Une main, le poing fermé, vint frapper le haut de sa poitrine, dans un geste presque trop sérieux lorsqu’on regardait la situation.

- J’espère bien ! Evitez de me laissez me noyer !
Mitsu n’avait pas à s’inquiéter, en vrai, elle avait parfaitement confiance en Feren. C’était sans doute la première personne a qui elle laisserait sa vie. Une confiance aveugle, mais clairement justifiée ! Après tout, ils avaient grandit ensembles, avaient fait tellement de conneries tout en se soutenant lorsqu’il y avait un souci. Allez cependant savoir qui était le plus calme dans l’histoire. Le score est relativement serré !

Il leur faudrait ramer quelques longues minutes pour arriver assez loin du rivage et être plus tranquilles. Pas que quelqu’un viendrait les emmerder à cette distance de la plage, mais sait-on jamais !

Un petit sourire étira les lèvres de la jeune professeure. La mer restait la mer. Oui, et non. Les personnes qui naviguaient voyaient bien la différence entre chaque eau.

- Bien tenté mais non, ce n’est pas partout la même. Ici, c’est différent qu’à Nihes,  c’est plus calme. Je pense qu’il y aura moins de chance qu’on chavire ici que là bas. Mais un jour, je t’emmènerais au large, pendant un peu plus d’un jour quoi ! Tu verras la différence.
Et la ressentirait, très certainement même. Un peu plus taquine, elle envoya un peu d’eau sur son ami.

- On n’a pas de goéland mais quelques albatros de temps en temps…et des Icy Hag. Un peu plus souvent que les volatiles. Mais je suis contente que les sensations te plaisent.
Nihes en elle-même, pas spécialement. L’odeur de la mer par contre, c’était ce qui lui manquait le plus dans l’histoire ! Même si elle avait passé beaucoup de temps sur l’eau, à naviguer et à voir le monde, l’odeur ne l’avait jamais lassée. C’était d’ailleurs quelque chose de… Presque rassurant, d’une certaine manière. Une ville en plein milieu des terres pouvait la rendre assez anxieuse. Un monde qu’elle maîtrise beaucoup moins, la terre n’est pas son élément contrairement à beaucoup. Fallait que quelque chose bouge un peu, que le sol ne soit pas tout le temps parfaitement stable.

- Sans mentir, non, l’océan me manque plus que la ville tu vois. De ton côté ? Les petits moments passés sur la terre pour nous ravitailler étaient sympas mais pas autant que la haute mer.

Mitsuko arqua un sourcil avant de simplement lancer, le visage extrêmement sérieux.

- Et qui te dit que tu ne seras pas le seul à devoir ramer ?

Le laisserait-elle ramer ? Possiblement, possiblement que pas ! Elle n’était pas cruelle et n’avait aucun soucis à se faire pour ramer, ce n’était pas quelque chose que la navigatrice redoutait. Après tout, Mitsuko avait eu l’habitude de le faire ! Elle ne prit cependant pas la peine de revenir là-dessus, il suffirait de voir avec les réactions de son ami. Et puis, si Feren n’était pas d’accord, elle n’aurait aucun scrupule à le faire passer par-dessus bord !

Elle souriait, regardant le large avec une certaine envie tout en écoutant son ami. Ce qu’il lui disait lui faisait extrêmement plaisir !

- Tout comme je serais heureuse de te compter parmi les membres de mon équipage !
Lorsqu’elle se déciderait à reprendre la mer. Tout ce qu’elle pouvait dire, c’était qu’il était entre de très bonnes mains et qu’elle n’avait pas à s’inquiéter du sort du navire. Il ne pourrait pas couler ! Et puis, si Feren venait, il y avait moyen de s’amuser encore un peu ! Peut être qu’ils croiseraient un de ces fameux Icy Hag bien que l’hiver soit la meilleure saison pour en voir en mer.

Le temps était passé, c’était un fait. Les deux gamins avaient bien grandit et mûrit, l’un sans doute plus que l’autre lorsqu’on voyait le comportement de la professeure. Elle était restée sensiblement la même, avec une certaine insouciance malgré son rôle et ce qu’elle avait vécu. Rien d’aussi tragique que son ami, bien entendu, mais son vécu était derrière et elle en tirait tout ce qu’elle pouvait !

- Et puis, vu les créatures qui risquent de nous attaquer, on ne risque pas grand-chose ! Au pire, on les fait cuire ! Je suis sûre que ça à le goût de poulet !
Le pire dans tout ceci ? Qu’elle en salivait presque et qu’elle était extrêmement sérieuse dans ses dires. Enfin, un piaf reste un piaf !