Ça faisait presque une heure que Mara se baladait tranquillement dans les rues du Wald. Rien de bien palpitant, elle réfléchissait juste de sujets et d’autres, comme son frère, l’armée, les examens… Ses préoccupations du moment quoi.

Quand elle était sortie de l’académie, elle n’avait pas du tout fait attention à l’endroit où ses pas la menaient. Elle voulait juste prendre l’air. Sans s’en rendre compte, elle s’était retrouvée au milieu du Wald, un des quartiers dans lesquels elle avait passé le plus de temps petite.

Même s’il pouvait sembler ne pas être l’endroit le plus accueillant de la capitale, elle l’aimait beaucoup. Habitant près de là, elle avait passé beaucoup de temps à explorer les ruelles et à y jouer. Elle en connaissait toute une partie comme sa poche, et s’y sentait à l’aise, malgré les fréquentations pas toujours idéales.

En tout cas, elle était plongée dans ses pensées, et sursauta violemment en entendant un bruit sourd, qui parvenaient de partout à la fois. Instinctivement, elle regarda autour d’elle. Voyant les petites particules brillantes qui pleuvaient, elle leva les yeux, et c’est alors qu’elle vit qu’il n’y avait plus de champ de force.

Elle n’était jamais sortie de la ville, donc ne comprit pas exactement ce qui se passait, du moins au début. Puis elle entendit un rugissement, et vit ce qui devait ressembler à un oiseau de proie en beaucoup trop gros et agressif voler au dessus de la ville. Un monstre.

Elle passa un moment pétrifiée, ne sachant pas comment réagir, les yeux rivés vers le ciel. Puis, quelqu’un la percuta de plein fouet, et l’emmena dans une ruelle adjacente sans s’arrêter de courir. Ça eut pour effet de la réveiller un petit peu.

Un petit peu. Elle ne parvenait toujours pas à mesurer l’ampleur de la situation. Raison pour laquelle sa première réaction fut de se tourner vers le jeune homme qui lui était rentrée dedans, l’air agacé.

- Ça t’arrive souvent, de percuter les gens comme ça ?

Elle s’apprêtait à enchaîner sur une autre réplique, probablement toute aussi aimable, quand elle entendit un bruit. Comme un rugissement. Alors, l’information selon laquelle les monstres allaient envahir la ville fit enfin son chemin jusqu’à son cerveau. Et zut.

Enfin, elle réalisa que ce rugissement était un petit peu trop proche. Ce serait peut-être une bonne idée de partir, non ? Elle attrapa le poignet du garçon, et se mit à courir vers un nouveau croisement, l’air un peu paniqué.

- Il se passe quoi ?

Mara s’arrêta brusquement. Elle sentait que le jeune homme qui la suivait allait être des plus exaspérants. Il lui avait peut-être sauvé la vie, mais ce n’était pas une raison pour se montrer énervant par la suite. Elle soupira. Pourquoi elle avait pas pu tomber sur quelqu’un comme Fi ? À la réflexion, celle-ci serait probablement restée à se poser des question jusqu’à la nuit des temps plutôt que d’agir, donc ce n’était pas plus mal.

Pourtant, il y avait bel et bien un entre-deux entre ne pas agir et être insupportable, non ? Vraiment, elle avait comme le pressentiment que le jeune homme allait lui taper royalement sur les nerfs.

-  Mouais… tu fais pas beaucoup mieux hein

Elle plissa légèrement les yeux. La tête du jeune homme lui disait vaguement quelque chose, même si elle ne se souvenait pas vraiment là où elle l’avait vu. Probablement était-il simplement à l’académie. Elle nota ça dans un coin de sa tête.

Légèrement désorientée, elle jeta un nouveau coup d’oeil vers le ciel. C’était possible, ça ? Aussi loin qu’elle se souvenait, elle n’avait jamais vu le ciel sans dôme protecteur. Ça faisait vraiment bizarre, de se dire qu’elle pouvait croiser un des monstres de l’extérieur à chaque coin de rue.

Un léger doute s’insinua dans son esprit. Certes, elle le croyait quand il s’agissait du champ de force. Il fallait bien se rendre à l’évidence. Pourtant, elle ne s’expliquait pas comment il avait eu accès à toutes ces informations.

Pourtant, elle ne dit rien à voix haute. Si ça se trouve, elle était juste très lente pour ce qui est de tirer des conclusions. Dans le doute, elle ne voulait pas passer pour idiote, et se passa donc de tout commentaire.

Elle eut un petit sourire narquois. Il avait oublié son arme. Evidemment. Elle soupira. Remarque, elle non plus ne s’était pas battue. Elle n’était donc pas très bien placée pour faire la moindre remarque. Se contentant donc d’un simple haussement d’épaule, elle chercha une excuse quant à sa propre fuite.

Ce n’était pas vraiment facile. Elle avait ses couteaux à sa ceinture, elle les emmenait toujours quand elle allait en ville. Faut dire qu’elle passait beaucoup trop de temps dans les quartiers mal famés. Vu que son apparence en elle seule n’était pas des plus menaçante, elle avait pris l’habitude de les garder visible, histoire de dissuader toute tentative d’attaque.

Elle finit par se dire que de toute façon, elle n’avait pas été prête. Désorientée, elle n’avait pas su comment réagir avant qu’un sauvage ne l’emmène dans une ruelle. Voilà. S’il lui en avait laissé le temps, elle se serait battue. Mais non, donc elle avait préféré le mettre en sécurité plutôt que de risquer qu’il fasse quelque chose d’autre de stupide.

-  Evidemment ! Moi je me serais bien battue, mais je me suis fait emportée dans une ruelle avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qui m’arrivait.

Elle leva les yeux au ciel. Bien sûre, il n’avait pas l’air de pouvoir s’empêcher de faire des remarques débiles. Elle lui fit les gros yeux.

-  Ah bon ? J’avais pas remarqué

Bon… Probablement, elle allait se retrouvée coincée avec ce gars jusqu’au rétablissement du champ de force. Ce n’était pas une perspective qui lui plaisait particulièrement, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Si c’était le cas, autant faire un minimum connaissance, non ?

-  Alors… Tu t’appelles comment ?

Mara soupira sans répondre à la remaque de son “sauveur”. Certes, il n’avait pas spécialement tort, mais elle n’allait tout de même pas le lui admettre. Donc elle se contenta de lever les yeux au ciel comme s’il y avait quelque chose d’évident qu’il ne comprenait pas.

Pour être honnête, elle ne fit même pas un effort pour essayer de retenir son nom. Pourtant, bizarrement, elle n’eut pour une fois pas de mal à le retenir. Sora… ça devait être parce qu’il ressemblait à son merveilleux prénom à elle. Ou juste qu’elle le retenait justement parce qu’elle n’avait pas fait d’effort pour.

Se doutant de la question qui allait suivre, elle s’apprètait à répondre quand le Sora en question s’intérompit. Elle qui espérait qu’ils avaient semé le monster… Ce grognement prouvait le contraire. Ça aurait été trop facile…

Se préparant à partir à nouveau en courant, elle se stoppa en entendant ce que Sora disait. Bells… c’était qui ça ? Elle commença par se demander si quelqu’un était venu les aider et avait attaqué le monster, mais elle l’aurait probablement vu. En tout cas, Sora connaissait visiblement cette Bells et s’inquiètait pour elle.

Elle n’avait absolument pas fait attention au petit machin orange qui avait attaqué le monster. Pour être honnête, elle aimait bien les animaux, mais sa proper survie était plus importante qu’une boule de poiles. Donc, quand elle fit le lien entre le nom et la bestiole, elle soupira. Merveilleux. Elle était tombé sur un amoureux des animaux.

Se retenant de faire un quelconque commentaire sur le fait qu’il était tellement aimable que même ses amis ne semblaient pas humains, elle tenta de se concentrer sur ce qui était important dans l’instant present. C’est à dire pourquoi elle avait le presentiment que Sora ne voudrait pas bouger de là avant d’avoir sauvé la boule de poile.

- On s’en fout de la bestiole, cours ! On a peut-être une chance de le semer là.

Elle était trop gentile, à ne pas partir simplement en courant dans l’autre direction en le plantant là. Mais bon… ça semblait evident que Sora était toalement sans defence, elle se sentirait coupable de l’abandonner avec 100% de chances de se faire manger. Par contre, il ne faudrait pas qu’il soit trop débile non plus. Elle n’allait pas rester avec lui indéfiniment et, s’il décidait d’aller se faire tuer pour sauver sa bestiole, il le ferait très bien tout seul.

- Elle s’en sortira très bien toute seule, au moins le temps qu’on fuie.

Totalement faux. Entre le renard et le Beowulf, on se doutait bien qui allait finir le crane fracassé contre le sol. Mais en disant ça, elle augmentait peut-être ses chances que Sora ait la gentillesse de bien vouloir courir. S’il ne réagissait pas maintenant, ou pire, s’il attaquait le monster, tant pis, elle fuirait seule. Il l’aurait cherché.

Une fois les portes de l’académie passées, Mara s’arrêta enfin pour reprendre son souffle. Dieu merci, Sora avait eu la merveilleuse idée de ne pas rester piqué là et de courir avec elle pour sauver sa peu. C’est presque si elle se serait sentie coupable de le planter là. Presque.

De toute façon, la question n’avait pas eu à se poser. Il n’avait pas résisté plus que ça et avait docilement couru jusqu’à l’académie. Mais bien sûr, une fois les portes passées, le jeune homme s’était arrêté pour voir si sa renarde de compagnie les suivaient.

- T’inquiètes. Du moment qu’on s’en est sortis...

Oui, maintenant qu’elle n’avait plus l’impression qu’elle pouvait se faire manger à tout instant, elle était un peu plus aimable. Pas trop non plus, mais elle avait compris que le jeune homme était inquiet et elle n’avait aucune raison d’être méchante.

Pourtant, honnêtement, elle ne comprenait toujours pas pourquoi il semblait si inquiet. Ok, il n’y avait que peu de chances pour que la renarde ne survive, mais ça ne pouvait pas être si grave, si ? Elle essaya d’imaginer son propre animal de compagnie dans la même situation, mais bon... elle ne serait clairement pas dans cet état. Elle serait triste, certes, mais pas à se point-là. Et puis son Eveann n’aurait jamais fait ce genre de truc, ça jouait aussi.

Il espérait que sa renarde allait revenir... ça paraissait peu probable. Honnêtement, elle n’y connaissait rien aux montres, elle n’avait jamais été face à l’un d’eux. Mais vu la taille du machin, un petit renard ne ferait pas long feu.

Mais remarque, ça ne semblait pas le genre de trucs qu’il avait besoin d’entendre. Pourtant, lui mentir ne servirait à rien, elle n’allait pas lui dire que sa renarde allait s’en sortir à coup sûr et qu’elle avait sans aucun doute terrassé le monstre.

- C’est pas de t’inquiéter qui va l’aider de toute façon.

Elle avait légèrement haussé les épaules en parlant. Clairement pas ideal, comme réconfort, mais elle ne voyait pas ce qui pouvait le rendre si triste. Elle en avait vus, des morts, et ce n’était pas que ça l’atteignait pas, mais elle voyait ça comme une partie de la vie. Et puis ça ne restait qu’un animal de compagnie non ? Elle adressa tout de même un petit sourire à Sora. Ça n’avait vraiment pas l’air facile pour lui…

- Pourquoi elle est aussi importante cette renarde de toute façon ?