« Rejoins-moi où on les utilisait.
Ryû. »

C'était tout. Plus de cinq ans d'absence et juste ça... Azuka écrasa la mot dans sa paume. Elle ferma les yeux. Se concentrant. Elle essayait de se calmer... La voix de son serpent raisonnait en elle... cette chose là, il l'appelait, il appelait au sang. Elle expira, avant d'ouvrir les yeux. Un mélange d'émotion étaient entrain de se battre en elle, elle n'arrivait pas très bien à les différencier... la joie, la haine, la colère, le soulagement... Que devait-elle faire ? Y aller ? Le dire à Ash d'abord ?

Azuka passa sa main dans ses cheveux, c'était si dur à prendre comme décision. Elle n'allait rien lui dire. Pas maintennat... ça ne servait à rien. Peut-être que c'était une blague dans le fond .. ? Non, personne ne sait pour leur surnom. Et Ash n'était pas assez stupide pour faire ce genre de blague... La jeune femme haussa les épaules. Elle hésitait. C'est sûr qu'elle irait. C'était même certain. La rage au ventre peut-être, mais surtout avec beaucoup d'appréhension : comment allait-elle la retrouver... avait-elle changé... ? Azuka n'en savait rien, et elle ne savait pas trop quoi penser... Elle verrait bien. Se lancer en terrain incconu, ce n'était pas la première fois qu'elle le ferait.

Sa journée au boulot était difficile, très difficile... c'était compliqué. Un peu trop même. Ses pensées étaient tellement ailleurs... un peu plus et elle signait l'autorisation d'un groupe d'étudiant à partir dans les terres dangereuses au lieu de les envoyés aux abords des villes. Ah, concentres toi. Azuka soupira... elle regardait l'heure passer. C'était le moment. Ce lieu, elle savait où c'était. Elle connaissait "Ryu" par coeur... enfin, la connaissait-elle encore par coeur ... ?

Azuka était encore en tenue militaire, elle n'avait pas perdu plus de temps, et c'est donc dans la forêt, à l'endroit habituel qu'elle rejoignit cette femme. La dernière chose qui permettait à Azuka d'être sûre venait de partir... son aura, ses yeux, ses cheveux... elle connaissait, même très bien cette apparence... alors elle était bien de retour ? Un sourire nerveux étira les lèvres d'Azuka, elle qui voulait se la jouer pokerface, décidemment, elle ne pouvait rien faire contre elle. Elle avait le don de lui soutirer ses véritables sentiments...

"Hey". C'est tout... elle n'avait rien trouvé de mieux ? Azuka la fixa, s'avançant encore de quelques pas. Elle avait changé, mais pas tant que ça... elle était belle, comme toujours. La jeune militaire serrait les poings, Ryu pouvait facilement sentir l'aura démoniaque "d'Hebi" s'affoler. Et Azuka luttait contre ça.

- Salut...

Que pouvait-elle dire d'autre. Azuka s'avança, elle était à deux pas d'elle. Elle la regardait, le mélange d'émotion d'accentuait... Son aura commençait à déborder, un peu trop. Azuka ne put s'empêcher de laisser alors un rire nerveux sortir, elle se frotta la tête, regardant la femme de haut en bah.

- J'y crois pas... c'est vraiment toi... !

Oui, même encore maintenant, elle avait du mal à y croire.

Azuka avait seulement fermé les yeux... Ah. Qu'est ce que ça faisait du bien... elle était là, contre cette femme qu'elle avait toujours admiré, elle pensait que certaines choses avaient évolué, s'était éteinte ou... non. Inutile de se voilà la face, rien n'avait changé, strictement rien. En 6 ans l'admiration et les sentiments de la jeune femme étaient restés inchangés, inutile d'essayer de voir les choses autrement. Non, il y avait bien une chose qui avait changé : Azuka avait grandi, mûri (si on veut) et surtout elle avait atteint son objectif. Et pourtant, maintenant, dans son ventre, beaucoup de sentiment se mélangeaient, même elle, elle n'était plus sûre exactement de ce qu'elle ressentait, ce qu'elle éprouvait.

Azuka serra les dents, les mots de Reiko lui faisait l'effet de coup de poing et sa voix était une caresse... trop de mélange, beaucoup trop de sentiment les uns à l'opposés des autres. Arg... que pensait pendant ce câlin qui avait l'air de durer une éternité... ? Azuka ouvrit les yeux, doucement, lentement, et à mi-clos, comme si elle ne voulait pas sortir de cette réalité. Et pourtant : il le fallait.

Elle était désolée. Ca, elle ne faisait que le répéter... Azuka serra les poings, elle essayait de calmer son serpent... son esprit. Elle avait tellement envie de lever se poing pour qu'il aille s'encastrer dans la mâchoire de la femme devant elle. Et pourtant, ses bras n'avaient qu'une envie : l'enlacer à ne plus la lâcher, une peur qu'elle disparaisse à nouveau. Et Azuka, la fameuse bras droit des éclaireurs, celle qui ne s'avoue jamais vaincue et qui lutte... allait presque baissé les bras, elle était vulnérable là, tout de suite. Comme si elle était revenue la jeune étudiante qu'elle était avant. Avant tout ça.

- Tu sais, j'ai continué de m'occuper d'Ashley pendant tout ce temps...

Elle la regardait, devant elle comme ça. Qu'est ce que c'était risible. Les deux "plus grandes combattantes"... haha, tu parles. Elles étaient pitoyables, là, tout de suite, l'une à perdre ses moyens et l'autre à s'incliner.
A la remarque de la petite insigne, Azuka détourna le regard... comme elle aurait aimé qu'elle soit là pour la voir sur l'estrade ce jour là, qu'elle puisse voir à quel point elle s'était battue et démené pour y arriver. La bras-droit soupira, et la fixa :

- Tu as changé. Toi aussi. lança-t-elle en la regardant.

Azuka se passa une main dans les cheveux, se grattant un peu la tête, elle regardait alors la forêt aux alentours, soupirant. Elle fixa alors Reiko.

- Tu sais. J'étais anéantis quand tu es parti. Et là, tu arrives et tu vas à nouveau tout chambouler dans notre vie... ?! Tu crois que tu peux arriver comme ça et tout ira bien... ?

Voilà. C'était dit. L'aura d'Azuka s'était fait plus pesante, et pourtant, elle ne le voulait pas. Dans ses yeux, Reiko, et seulement Reiko, pouvait réellement savoir ce qu'elle ressentait. Il n'y avait quelle qui comprenait la jeune militaire... Azuka soupira et baissa la main dans ses cheveux. Puis un sourire triste s'afficha sur son visage,

- Tu m'as tellement... manqué...

Beaucoup trop de question, beaucoup trop d'émotion, trop de mots brûlaient les lèvres d'Azuka. Qu'avait-elle fait pendant tout ce temps ? Pourquoi être partie si longtemps sans donner de nouvelle... ? Pourquoi, d'un coup, elle revenait, avait-elle une mission ? Azuka aurait tellement aimé tout savoir, tout lui poser comme question... Pourquoi redevenait-elle la jeune étudiante face à Reiko... ? Celle qui la regardait s'entraîner en cachette avant de la rejoindre, celle qui l'admirait, qui admirait sa poigne et son caracète, elle qui enviait sa vie de famille alors qu'elle s'y était - presque trop - intégrée... Pourquoi d'un coup, elle perdait ses moyens en face d'elle... ? Azuka était démunie. Elle avait presque envie de rire d'elle même, vraiment, elle se trouvait si pathétique. Ses félicitations la rendait tout de même fière, et cette main sur son épaule, elle aurait aimé l'avoir. Reiko était si proche depuis six ans et tellement distante... Azuka se passa la main dans ses cheveux, essayant de garder un minimum de recul, ou du moins de le montrer,

- Oui, tout va bien.

Elle n'avait réussi qu'à dire ça. Lamentable. Vraiment. A vrai dire, elle aurait préféré ne pas répondre, juste se taire et la regarder. Sûrement regler tout ça comme avec les autres ? Une bonne baston et ils vont boire une bière. Mais Reiko n'est pas les autres... Elle est bien plus. Azuka la fusilla presque du regard quand elle parlait qu'elle n'aurait jamais dû revenir, là, la baffe était presque partie, mais elle arrivait encore à se contrôler. Même si Hebi avait très envie d'aller dire bonjour à Ryû... !

Azuka soupira. A ses dernières paroles... Elle se plaignait, elle, mais Reiko aussi a dû en vivre des choses, elle a dû en baver, suremonter des épreuves : avait-elle le droit de la juger ... ? Elle ne connaissait même pas la cause de ce départ, elle ne savait même pas pourquoi elle revenait sous cette forme... Alors, pourquoi était-elle si méchante avec son amie de toujours ?

La bras-droit soupira, elle se gratta la tête avant de soupirer puis de détendre ses épaules, elle glissa une main dans les cheveux de la jeune femme, posant son front contre le sien, elle avait fermé les yeux, appréciant le contact, doucement elle caressait les cheveux de Reiko, si doux... Si apaisant. Elle frôla son nez avec le sien, avant de s'écarter doucement et d'embrasser son front... Bouclant une boucle de six ans :

- J'aurais dû te le dire il y a six ans...Bon retour. murmura-t-elle doucement, comme si elle ne voulait pas que les arbres l'entendent.

Oui, des mots qu'elle aurait dû lui dire à son retour de mission... Elle était de retour maintenant, non ? Azuka venait de lui montrer qu'elle avait grandi et changé, peut-être pas en apparence (quoi que les kilos et la poitrine en plus) mais dans son caractère... avant, elle lui en aurait sûrement décoller une en lui criant dessus... Quoi que, elle avait presque envie de le faire... avait-elle vraiment changer au final ?

La jeune militaire s'était reculée, offrant un doux sourire à Reiko. Comme déjà dit : elle perdait tellement ses moyens face à la jeune femme.

-  Merci… Je ne suis pas prête de quitter la capitale…

Si seulement Reiko savait ce que ces mots provoquaient chez Azuka. Joie, réconfort, soulagement… oui, Azuka était rassurée de cela, si elle lui disait, elle ne pouvait que la croire, non ? Et pourtant, une part d’elle avait tellement peur qu’elle disparaisse à nouveau comme ça, du jour au lendemain. Azuka la regardait, ne la lâchant pas du regard, comme si elle voulait imprégner son image, au cas où elle venait à re-disparaître. Même si cette apparence elle la connaissait, Azuka était toujours surprise de la voir, cette forme là…

Ce geste, il fit des frissons à notre jeune militaire, c’était si… étrange, presque déstabilisant. Et pourtant, Azuka avait fermé quelques secondes les yeux pour se concentrer dessus, ce geste qui lui faisait monter rage et apaisement. Trop d’émotion contraire, Azuka avait dû mal à s’en remettre, d’ailleurs, il y avait encore une partie d’elle qui ne voulait pas y croire : quand allait-elle se réveiller ? Azuka se contenta de sourire à sa phrase : elle était fière, c’est tout ce qu’il lui fallait pour sourire. La bras-droit était vraiment comme un enfant qu’on félicite, et c’était si agréable. Elle sentait la pression de ces années sur les ses épaules qui commençaient à redescendre et… c’était assez fatiguant tout compte fait.

- Moi aussi j’ai beaucoup pensé à toi… me demandant si tu étais toujours en vie… ou si un jour mes éclaireurs allaient me ramener ta dépouille ou une preuve de ta mort...

Oui, ces pensées l’avaient longtemps hanté, si bien qu’elle avait désobéi aux ordres un certain nombre de fois pour faire ses propres recherches… Mais rien. Jamais. Alors elle avait fini par se dire « d’attendre », qu’un jour ou l’autre elle aurait une réponse. Et là voilà, aujourd’hui, la jeune femme était devant elle… vivante. Et c’est tant mieux, après tous les scénarios qu’elle s’est fait dans sa tête, il n’y en avait pas beaucoup où l’ancienne militaire était vivante.

Azuka regarda le petit écrin… Elle avait même ramené un cadeau ? Sans trop savoir pourquoi, Azuka eut un sourire narquois, presque moqueur… Six année et un collier. Eh bien, Azuka le regarda et le pressa contre sa poitrine en souriant à la jeune femme :

- Merci beaucoup... dit-elle en passant le collier à son cou…

Azuka réajusta sa queue de cheval avant de regarder le petit pendentif tomber entre ses seins, juste sur son tatouage. Elle posa sa main dessus, souriant brièvement, puis elle regarda Reiko :

- Je n’ai pas de cadeau pour ton retour, j’suis désolée. dit-elle avec un sourire amusée.

A part s’être occupée d’Ashley et d’avoir réalisé sa promesse, non, elle n’en avait pas vraiment. Mais bon, le fait qu’elle ne lui mette pas son poing dans la tête, c’était assez cool comme cadeau, non ?

La rouquine se gratta alors la tête, regardant quelques secondes ailleurs, avant de la regarder droit dans les yeux, reprendre les choses sérieuses ;

- Et maintenant… ? Tu vas faire quoi ? Tu comptes reprendre contact avec d’autres personnes… ?

Elle s’interrogeait surtout vis-à-vis d’Ashley, allait-elle lui annoncer son retour ? Elle serait sûrement moins conciliante que son aînée au sujet du poing dans la figure. Même si une vraie question brûlait les lèvres d’Azuka : « qu’as-tu fais pendant ces années… ? Que t-est-il arrivé… ? ». Mais la militaire savait être patiente. Parfois.

Bien sûr que oui, la preuve de sa mort, la mort des autres avaient été ramené, mais rien de concret pour Azuka, rien qui pouvait lui dire : « Riley est morte ». Non, et même, de toute façon, vu l’entêtement de la militaire, elle aurait sûrement nié ou n’y aurait pas cru… Et elle avait raison, elle avait eu raison d’y croire, de croire que la jeune femme était vivante… même si elle n’avait rien fait de plus pour la chercher… à part le faire elle-même, discrètement.

Azuka afficha un sourire amusée à ses paroles, elle la connait si bien. Effectivement, l’envie de lui mettre son poing dans la figure était vraiment grande, mais sur ce point Azuka avait sûrement mûri, peut-être que quelques années avant elle l’aurait fait, elle aurait même peut-être laissé son serpent prendre le contrôle, un peu. Mais non, il fallait qu’elle se montre responsable devant Ril…Reiko.

Reprendre contact avec Ashley, c’était le minimum. Même si ça s’annonçait vraiment difficile comme tâche, Azuka pourrait peut-être être présente ou l’aider… ? Mais non, elle n’avait pas à se mêler de ça, d’ailleurs, devait-elle lui dire qu’elles se sont vues… ? Ce n’était pas à elle de lui annoncer ça, mais d’un côté, elle ne voulait pas lui mentir. Ah, quel dilemme. Azuka soupira. Bizarrement, ça lui faisait plaisir qu’elle ne reprenne pas contact avec Yoichi, puis elle avait raison, moins de gens seraient au courant, plus elle serait tranquille… D’ailleurs, en tant que « bras-droit », ne devait-elle pas l’embarquer et lui poser des questions… ? Haha, quelle piètre bras-droit elle faisait. Les sentiments avant le devoir… ce n’était pas vraiment la devise à suivre, mais bon, Azuka n’avait jamais réellement écouté les ordres. Ou quand ça l’arrange. Mais bon, elle était quand même un peu curieuse, surtout vu les dégâts que ça avait fait… et surtout, s’il y avait des créatures aussi dangereuses dans les parages, c’était peut-être bien d’enquêter quand même. Enfin, il ne s’est rien passée c’est six dernières années… !

- Mh… je vois. Essaie de trouver quelque chose de pas trop dangereux… dit-elle simplement, avec une légère note d’inquiétude.

Azuka connaissait son amie, elle savait qu’elle pouvait foncer tête baissée comme ça, et retourner près du danger… mais peut-être qu’elle aussi elle s’est assagit ? Qu’elle « a changé »… Oui sûrement. Reiko et Azuka allait sûrement devoir réapprendre à se connaître, c’est bizarre comme quelqu’un d’aussi familier peut lui paraître si inconnu…

- Donc maintenant, ça sera ça ton apparence… ? demanda-t-elle en la regardant de bas en haut, tu ne peux plus retrouver l’ancienne… ? Enfin, c’est peut-être mieux ainsi, au moins très peu de personne te reconnaîtront !

Azuka haussa les épaules, oui c’était peut-être mieux comme ça. La jeune militaire soupira et alla s’asseoir sur un rocher, posant ses avant-bras sur ses cuisses, et regardant Reiko dans les yeux. Et maintenant… qu’est-ce qu’elles allaient faire… ? Azuka allait-elle devoir attendre un nouveau signe de la jeune femme ? Allait-elle la revoir souvent… ?
Un mélange d’émotion se créaient en elle, de la joie, de la colère, de la peur… Elle voulait vraiment pouvoir l’avoir toujours avec elle… Elle se mordit la lèvre et soupira, il fallait vraiment qu’elle se calme.