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Encore un après-midi chiant. Tout le monde babillait et semblait content. De quoi faire vomir le prince des ténèbres qui ne vivait que pour les nuits lugubres et solitaires… Au lieu de quoi il se faisait aveugler par la lumière bien trop éclatante et qui reflétait à merveille la journée pourrie qu’il allait passer. S’il en avait la possibilité, le loup dormait quand le soleil brillait et vadrouillait quand les étoiles éclairaient faiblement la ville. Bien qu’il ait des responsabilités à présent. C’était un militaire… un sentinelle qui plus elle. Aussi féroce que redouté.

 
Il était un loup. Son arme, c’était lui. Que c’était pathétique de voir ses humains brandir des bâtons pointus dans l’espoir d’érafler un ennemi. Déjà que leur ouïe leur permettait à peine d’entendre leur propre voix. Quant à leur vue… à peine assez développer pour voir de jour mais la nuit ! Ah, il devenait aveugle ! Et leur vitesse rivalisait avec un escargot en pleine course. Il était donc un précieux allié.
 
L’année dernière avait sonné la fin de ses années à l’académie et, depuis, il n’y était pas retourné. Ce n’est pas comme si ça lui avait manqué... il dormait la plupart des cours et faisait les devoirs à l’arrache quand il n’avait pas trop la flemme.
 
Mais aujourd’hui, il devait s’y rendre pour récupérer quelques affaires qu’il avait laissé à un pote. Il lui avait dit qu’il passerait dans la journée sans préciser d’heure. Le voilà donc à l’entrée de l’académie.
 
Il poussa un profond soupire. Il n’avait que très peu envie de se faire remarquer parmi tous ses avortons. Il se crut à la garderie. Tout cette jeunesse et cette naïveté, tss. Il passa furtivement, les mains dans les poches lorsqu’un individu attira son attention. Un jeune garçon qui bondissait après un oiseau.
 
Il finit par l’attraper au vol mais à l’atterrissage, il desserra sa prise suffisamment pour que celle-ci ne s’enfuit à tire-d’aile.
 
Il l’observa en silence et ne s’était pas aperçu qu’il s’était arrêté. Il avait affaire à un jeune loup. Apollon avait toujours pris soin d’éviter les hybrides. Peut-être parce qu’il avait peur de faire face à sa propre nature et de revivre certains de ses cauchemars…
 
Le petit grogna une menace semblable à une promesse à l’oiseau qui ne se fit pas prier pour disparaitre hors de sa portée.
 
Très silencieusement, Apollon s’était rapproché nonchalamment de l’adolescent.
 
-        Mouais, les oiseaux c’est fatigant à attraper et ça nourri même pas.
 
Ses yeux dorés brillèrent de leur étrange éclat alors que son regard fixait le ciel où s’était échappé le piaf.
 
Il avait toujours préféré la viande plus marquée, plus grâce aussi. Le cerf c’était bon… même l’être humain… mais c’était extrêmement tabou chez les hybrides. Son regard perçant se braqua sur le garçon. Il ne l’avait jamais vu. 
 
-        Je me nomme Apollon. Et toi ? Ta meute ne t’as jamais appris à chasser le volatile ?
 
Il sourit, moqueur, lui tournant légèrement autour, humant son parfum pour ne pas l’oublier. Il ne le montrait pas mais rencontrer un autre loup le rendait extrêmement curieux.

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Apollon avait souri intérieurement en voyant le jeune garçon-loup se débarrasser des quelques plumes qu’il avait sur lui. Le petit garçon lui paraissait bien chérif et ses grands yeux violet étaient à présent braqués sur lui. Le jeune homme soutint son regard sans broncher. Sa façon de parler à ce parfait inconnu le surpris lui-même. Plus doux et plus franc qu’avec toutes les personnes qu’il avait pu rencontrer. Peut-être parce que pour lui, un homme seulement, était faible. Un loup seulement, était faible. Mais l’hybride des deux formaient le combo d’une race redoutable…

 
Et puis, trainer avec tout un tas d’humain n’avait fait qu’accroitre en lui, un sentiment de solitude et, au fil des conversations, un fossé se créait : il se sentait parfois trop dépassé par ce qu’aimait vraiment ses amis-Hommes. Mais paradoxalement, sa crainte de rencontrer d’autres hybrides avait fait naitre en lui beaucoup de frustration qu’il dirigeait sur ses camarades jusqu’à se faire punir quand il était à l’académie.
 
Le garçon parla de manière étrange en remplaçant le « je » par Yuh. Il en déduisit assez rapidement qu’il s’agissait de son nom. Il tachera de s’en souvenir. Le garçon continua de parler. Il lui apprit qu’il préférait chasser les écureuils. Surement un truc de jeune. Il avait perdu son innocence très tot en commençant par la vue du meurtre de sa mère et de son petit frère par son abominable père. Il ne méritait pas de vivre et avait rapidement pris les choses en main en achevant ce démon.
 
Sa mère avait toujours cru en lui et ce, depuis qu’elle lui avait donné le nom d’un Dieu… et pas n’importe lequel. Désormais, il était l’hybride parfait entre Apollon le Dieu et Fenrir le loup démoniaque. Voila le cadeau que lui avait laissé ses parents.
 
Il fut sorti de ses pensées au moment où Yuh demandait si d’autre meute vivait ici. Il l’observa un instant presque mal à l’aise. Comment lui dire qu’il avait toujours rejeté le contact de ses congénères pou vivre sa propre vie en solitaire ? Ce n’était pas naturelle chez un loup. Il avait su trouver un peu de réconfort auprès d’ami humain mais… sans plus.
 
Cependant, étant militaire, il savait bon nombre de chose et voyait… également beaucoup.
 
-        Bien sûr qu’il y a d’autre loup… hybride ou non et des meutes aussi. Mais cela ne me concerne plus depuis longtemps.
 
Il secoua la tête. Il n’était pas là pour parler de lui et ne comptait pas le faire. Mais, après hésitation, il concéda :
 
-        Certain soir, j’hurle à la lune et des loups me répondent, me donnent des nouvelles mais cela s’arrête là. Je ne compte pas intégrer de meute.
 
C’est drôle mais… ça ne lui était jamais arrivé de parler de ça avec quelqu’un. Peut-être parce qu’ils ne comprendraient pas. Les humains se faisaient des amis, puis se quittaient et changeaient d’amis quand l’intérêt se modifiait, les classes, le travail ou un déménagement. Pour les loups les relations étaient bien plus profondes et ancrés : C’était pour la vie. Voir ses soi-disant amis partir les uns après les autres sans regret augmentait son amertume. Peut-être avait-il peur de devenir comme les humains et de ne pas être à la hauteur d’une meute.
 
Et puis, il avait appris à tuer pour se débarrasser des gêneurs… et des problèmes. Ne pouvant pas continuer à s’enfoncer d’avantage, il était devenu militaire pour sa rédemption.
 
-        Tu te plais à l’académie, Yuh ? Je me souviens de mon arrivé, je n’arrivais pas à communiquer avec les autres, ça me frustrait alors… je mordais mes camarades.
 
Il eut un petit rire dérisoire en y repensant. Il était bien content d’avoir fini ses années-là, d’avoir grandi et d’être libre. Mais c’est quoi la liberté ? Après tout, le voilà militaire… à nouveau sous des ordres. Il n’en voulait plus. C’était lui l’alpha, le Dieu et le Démon à la fois.

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Le petit Yuh écoutait attentivement les paroles de son aîné. Il ne se souvenait même plus de lui, à cette âge… quoi que, si. C’était à ce moment là qu’il avait mal tourné. Livré à lui-même dans ce monde hostile. Il c’était toujours senti différent mais n’avait appris qu’assez tardivement qu’il était en réalité un hybride.

 
Si seulement il l’avait su plus tot. Il n’aurait pas laissé sa mère et son frère et ne serait pas parti vagabonder pour oublier ses problèmes pour revenir et retrouver un véritable massacre. Tout était de sa faute.
 
Yuh lui dit avoir une meute avec une dénommée Lidome. Il ne prit pas la peine de lui demander de qui il s’agissait, il s’en fichait éperdument. Surement un humain stupide. Il lui dit également vouloir potentiellement former une meute plus grande. Le rêve de tout louveteau encore naïf vivant dans un monde peupler d’Homme. Jusqu’à ce qu’il constate ce que valent les humains : rien.
 
Mais ce petit semblait, à première vue vouloir s’intégrer et faire tout ce qui était possible pour y parvenir. Une telle détermination le dépassait complètement. Pourquoi devoir s’adapter à un mode de vie qui n’était pas le nôtre. Tout ça pour rentrer dans une case.
 
Le garçon avoua que c’était bien difficile de faire sa place. « tu m’étonnes, c’est pour ça que j’ai cessé bien vite de faire des efforts… » Il préférait sa vie, à présent. Il était devenu un élément indispensable, pouvant manipuler les êtres faibles et stupides à sa guise, aller où bon lui semblait, même sortir de la ville ! Yuh parut l’observer d’un air perplexe. Apollon haussa les épaules légèrement gênées par la candeur qu’il pouvait y lire dans ses yeux.
 
Ce fut sa phrase suivante qui le raidit. Une légère colère montait doucement en lui. Ne pas mordre ? Etre sage ?  Vivre comme un humain ? Le garçon insista en lui demandant ce que lui ferait et qu’il était perdu. Il lui donna même ce petit surnom que, d’ordinaire seul ses « amis » lui donnaient. Mais il ne releva pas. Encore braqué sur ses mots. Il s’approcha de Yuh légèrement plus menaçant.
 
-        Ma parole, ils t’ont vraiment dressé comme un clebs.
 
Ce mépris n’était pas directement dirigé sur le garçon mais cela pouvait y ressembler. Il avait beau être dur, c’est ainsi que le jeune garçon pourrait comprendre. S’il continuait ainsi, il finirait à jamais dépendant d’une race pourtant inférieure à eux.
 
C’était un peu comme pour le cas des femmes. Les hommes les ont longtemps jalousés car seul elle, pouvait enfanter alors ils ont utilisé la force pour les réduire à l’état « d’être inférieur ».
 
-        Tu n’es pas un loup mais un chien. Un toutou de compagnie, tss. Trancha t-il.
 
Peu importe combien les mots étaient durs, c’était son ressenti et voir un de ses congénères s’enfoncer de la sorte… il ne savait pas trop… mais cela le dérangeait.
 
Pourtant, il ne le connaissait que depuis une dizaine de minutes, son sort l’importait peu. Après un léger soupire, il conclut :
 
-        Laisse tomber. Les humains finiront forcément par te laisser seul. C’est comme ça, leur vision est différente de la nôtre. Dès qu’ils n’auront plus besoin de toi, ils te jetteront.
 
Il haussa les épaules avec dédain et enfonça une main dans sa poche pour en sortir des bâtons à la viande : du bœuf. Il en attrapa un qu’il cala entre ses deux canines anormalement longues et pointues signe évident de son animalité.
 
Il le mâchouilla, songeur, se rappelant non sans mal de certaines expériences surtout négatives qu’il avait pu avoir à l’académie et les multiples punitions parce que les profs ne pouvaient pas cautionner une attitude autre qu’un bon petit humain obéissant. Plus il y pensait, plus il se sentait de mauvaise humeurs… et plus il avait hâte de ressortir de cette académie.
 
Il ne s’était pas fait d’ami proche. Juste des mecs un peu sympas avec qui il avait eu quelque délire mais ça s’était arrêté là. Dont le gars chez qui il se rendait actuellement. Un redoublant avec qui ils avaient fait les quatre-cent coups. Sauf que lui, il avait validé son année et son pote continuait de faire des conneries sans se préoccuper de son avenir.
 
Après une brève hésitation, il tendit un bâton à la viande à Yuh en détournant le regard.
 
-        Ch’es très bon, t’en veux un ? Et après un petit silence il ajouta plus doucement, j’m’en suis sorti parce que je me suis pas attaché à ces idiots. Ils n’ont pas changé celui que j’étais, peu importe les ennuis que ça m’apportais, j’ai gardé intact ma dignité de loup et toute ma liberté. Réfléchis et méfie toi.

Après quoi il se tut. Son coté solidaire et paternaliste s'arrêterait là. S'il était assez stupide pour continuer à vouloir se comporter en petit humain, ce serait son problème.

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Il avait surement bien trop parlé. Et finalement, regrettait presque ce qu’il avait dit. Après tout, cela lui avait été utile à lui mais Yuh n’était pas lui. Peut-être serait-il très heureux dans les pattes des humains sans pour autant devenir un chien. Il frémit à cette idée. Lui qui était si supérieur aux hommes, qui pouvait les broyer s’il en avait envie. Bien qu’il faille se méfier de chaque magie. Il n’était pas le seul à être doté d’un don extraordinaire…

 
Ses propres erreurs avaient fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Un être mystérieux qui arpentait les ruelles la nuit en chantonnant… mais aussi un militaire qui pouvait être qualifié de héro courageux. C’est pour cela qu’il ne disait jamais son métier. Il ne voulait pas qu’on le voit comme un sain. Il voulait juste laver ses crimes. C’était le seul moyen. Il ne pourrait jamais l’avouer à qui que ce soit. S’il parlait, il finirait en prison. Et perdre sa liberté pour un loup, était pire que la mort elle-même : il préférerait mettre fin à ses jours plutôt que de terminer sa vie derrière des barreaux. Sans aucune visite puisque ses seuls camarades étaient humains. Et qui voudrait être ami avec un meurtrier ? Le sens loyal ne vaudrait rien et il partirait évidemment.
 
Le garçon-loup protesta. Il lui dit que ce n’était pas un chien mais bien un loup… mais il avait plutôt l’air de vouloir se convaincre lui-même. Il ne broncha pas en le fixant de ses yeux ambrés.
 
Il lui demanda aussi tout à fait naïvement pourquoi les humains ferait ça. Pour lui, c’était tellement évident ! Tellement… que la question le pris de court. Il aurait très bien pu répondre « parce que c’est des humains », mais le sens réducteur de ces mots l’aurait totalement décrédibilisé.
 
Alors que Yuh louchait presque sur les batons à la viande qu’Apo lui avait tendu… il dit une phrase qui le fit vraiment culpabiliser. Et pourtant.. ça ne lui arrivait pas souvent. Au contraire ! Il se délectait de briser les rêves des autres en quelques petite phrase ! Et à ce moment là, sans avoir l’air présomptueux, il eut l’impression de mieux le comprendre que quiconque.
 
Le garçon finit par gouter les bâtons à la viande et son regard s’illumina. Ah ? Lui aussi aimait ? Généralement les gens trouvaient cela trop dur et écœurant au bout d’un seul bâton mais lui, en avait une cargaison à la maison !
 
Yuh n’en avait jamais mangé, signe évident qu’il ne connaissait vraiment pas grand-chose à la vie dans une société comme celle-ci. Au moins était-il à l’académie, dehors, il ne ferait même pas trois secondes. Il y avait les gens mal intentionné, les drogues, l’alcool (tout ce qui rendait les humains encore plus stupide qu’ils ne l’étaient déjà), les misères… ou pire encore si l’on sortait de la ville.
 
Apollon lança le sachet de baton viande au petit loup.
 
-        Prends-le, j’en ai par dizaine chez moi. Tu en trouves facilement dans les rayons alimentaires… mais tu peux aussi te rendre aux rayons animaux, ils font quasi les mêmes pour les cabots…
 
Il le fixa, moqueur mais cette fois-ci en faisant abstraction à tout type de colère. Après avoir mastiqué lentement son casse-croute, il le broya aussi sec et l’avala.
 
Il se lécha les babines, ayant presque oublié la raison de sa venue ici. Il tourna lentement la tête avant de la lever. Trop de soleil, tout ce qu’il détestait.
 
-        T’as raison, mieux vaut trainer avec des crétins que d’être tout seul. En vrai, c’est pas de leur faute, on est juste différent et les humains ont un sens d’amitié et de loyauté beaucoup plus faible que le nôtre. Donc ça pourrait te décevoir, c’est pour ça qu’il ne faut pas trop s’attacher.
 
Voilà. C’est tout. S’il s’était ainsi expliqué au lieu de péter son câble, il n’y aurait pas eu ce… léger malentendu. Parce que non, les humains ne sont pas méchant… c’était son amertume qui parlait. Ils étaient juste différents. Après ce nouveau silence, il demanda aussi hésitant que curieux.
 
-        T’es déjà sorti, Yuh ? Genre dans la ville ? Parce que t’as l’air de débarquer de la foret et de ne pas avoir beaucoup bouger de l’académie.
 
Il rigola légèrement. Il ignorait s’il avait vu juste ou non mais les connaissances naïves du louveteau rendaient sa théorie vraisemblable.

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Il affichait un air entièrement neutre mais la situation commençait à légèrement l’amuser. Il ne comptait cependant pas le laisser paraitre. Il observa le garçon machouiller goulument les bâtons… qui avaient franchement eu un grand succès.

Le petit l’avait remercié comme s’il venait de lui offrir la lune. Apollon marmonna un semblant de réponse. Il ne se reconnaissait pas. C’est fou comme c’était facile de communiquer avec un autre loup… Il n’avait pas toujours l’impression de décoder un extraterrestre comme c’était souvent le cas avec les humains…
 
Yuh reparla de cette Lidome. Il plissa les yeux mais ne commenta pas. C’était lui ou elle qui l’avait dressé ? Il n’arrivait pas à savoir s’il s’agissait d’un homme ou une femme. Surement une rencontre à l’académie.. ? Mais il ne voulait plus le contredire. Il verrait par lui-même comment fonctionnait les humains. Trop jeune pour comprendre alors. Il se contenta de hausser les épaules.
 
Concernant le fait de savoir si Yuh sortait un peu… apparemment non comme il s’y attendait. Il avait peur. Il se retint de justesse, de ne pas rétorquer qu’un loup n’avait JAMAIS peur. Mais peut être qu’il s’agissait d’un mensonge tout compte fait.
 
Pour ce qui est de la ville, lui, n’avait jamais eu peur. Fuyant bien souvent sa maison où y résidait son père violent, la rue était vite devenue son champ d’action pour toute sorte de bêtises comme tous les jeunes n’ayant pas de limite.
 
L’avantage c’est qu’à présent, il connaissait les dangers, les rues et pouvait se débrouiller seul sans craindre pour sa vie. Par contre les autres… ils avaient intérêt à se méfier de lui, le beau parleur séduisant. C’est pour cela qu’il savait que le garçon ne ferait pas deux secondes dehors. Parce qu’il savait que c’était typiquement le profil que cherchait n’importe quel prédateur….
 
-        Ce qui fait peur, c’est uniquement l’inconnu. Si on se familiarise avec la ville, tu verras qu’elle peut devenir un chouette terrain de jeu.
                                             
Suffit d’avoir les bases… mais ce n’était surement pas encore le moment pour ce ptit loup. Il soupira. C’est vrai que la ville pouvait faire un peu peur à première vue, elle était grande, cela puait surtout pour des nezs aussi développés que les leur, c’était bruyant, stressant, il y avait la circulation aussi. S’il avait eu la patience nécessaire… il aurait bien passé son permis, tiens. Mais un loup courrait suffisamment vite pour ne pas avoir recourt à ce type de machine. Il n’empêche, ça aurait été marrant à tester.
 
-        Si un jour le destin nous fait nous recroiser, j’te montrerai les moindres recoins de la ville, j’suis devenu un expert. Déclara-t-il en croisant à nouveau le regard du jeune garçon-loup, décidant de ne plus revenir sur le sujet concernant les humains…

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Le garçon-loup semblait tout excité de pouvoir visiter la ville avec Apollon. Son ainé le regarda puis détourna légèrement la tête. Comme si, cette proposition ne lui ressemblait pas vraiment. Il se réconforta alors dans le fait qu’il le faisait pour un congénère. C’était radicalement différent. Il n’aurait pas perdu son temps à faire de même avec un humain.

 
Peut-être lui ouvrirait-il les yeux ainsi. Mais il ne s’avançait pas trop. Il connaissait ce gamin que depuis une heure maximum. Il ne le connaissait pas plus que cela. Peut-être que son cas était si désespéré qu’il deviendrait un toutou de compagnie ou qu’il parviendrait à ressembler à un humain. Si tel était le cas et qu’il devait se croiser au mauvais moment, il le tuerait.
 
Il n’allait pas avoir des remords, si un jour il ne sentait plus le loup et que son comportement changeait pour s’assimiler aux hommes alors son comportement à son égard changerait également et il le traiterait comme n’importe quel être méprisable. Mais ne croyez pas qu’Apollon était assez bête pour sortir les crocs devant n’importe qui. Dans un monde coloniser par une race, il fallait savoir aussi se faire discret et agir dans l’ombre.
 
Yuh le sorti de ses pensées. L’idée de visiter la ville semblait l’emballer d’un coup. C’est fou mais… il avait l’impression par moment de lire en son cadet comme dans un livre. Comme si sa jeunesse éphémère mais bien réelle lui revenait par bride.
 
Et puis, Yuh n’aurait aucune raison d’avoir peur dehors, avec lui. Il le… protégerait ? Oui enfin, un peu quoi, il n’allait pas laisser sa première rencontre lupine se faire écraser ou harceler par des mecs chelous.
 
Et puis, le jeune garçon eut son attention focaliser sur un petit moineau qui semblait être revenu pour le narguer. Aussitôt il s’excusa auprès du militaire car il avait une partie de chasse à gagner. Il ajouta avant de se diriger vers l’oiseau s’ils se reverraient bientôt et sinon… il le chercherait… il le remercia aussi pour les bâtons. Puis il bondit en ratant de peu la petite bête. Apollon sourit légèrement.
 
-        Oui, on se reverra bientôt, petit et je t’apprendrai ce qu’aucun humain ne pourrait t'apprendre.
 
Ses mots étaient si faibles qu’il aurait fallu avoir l’ouïe extrêmement fine pour l’entendre. Sans rien ajouter, il avait déjà disparu hors de l’académie. Quand Yuh se retournerait, il n’y aurait plus personne.
 
Quand il fut assez éloigné de la cour, il trouva un toit et grimpa lestement dessus. Pour se faciliter la vie, il se transforma en un énorme loup si noir qu’on l’aurait dit tout droit sorti d’un cauchemar et dont l’aura terrible inspirait la véritable peur. L’animal qui s’assit confortablement sur les tuiles rouillées, releva sa tête massive pour lâcher un long hurlement bien plus mélodieux que son apparence l’aurait cru possible.
 
Puisque Yuh n’avait jamais entendu de loup, peut être qu’il entendrait celui-la et qu’il interprèterait très justement la promesse qu’il lui laissait bien plus évocatrice que de simple mot selon lui. Puisque les promesses humaines n’étaient que des paroles dites en l’air qui ne valait rien.
 
Le hurlement fut emporté dans le vent alors que le loup avait déjà disparu. Personne ne savait où le trouver, comme un rêve ou un cauchemar, selon le point de vue.