Elwing observa timidement la femme qui lui dit en toute sincérité qu’elle était sauvée. Les mots lui parurent... à peine exagéré mais le ton de la reconnaissance ne put que mettre la jeune fille à l’aise. Tout son comportement contrastait à merveille avec la première image qu’elle avait pu se faire de l’inconnue : à première vue plutôt intimidante et donnait une allure peu commode. Cela la détendit un peu.
 
La proximité que mettait la femme à, par exemple la tutoyer lui fit bizarre. Mais, si elle le faisait, elle aussi avait le droit de le faire.. ? Tutoyer une parfaite inconnue serait une première, ma foi. D’ailleurs elle lui fit comprendre qu’il n’y avait aucun problème à ce qu’elle la tutoie… ou la vouvoie. Que le choix lui revenait et que cela lui importait peu. Elle hésita un instant en proie à un dilemme… pourtant insignifiant mais qui lui pris la tête. Elle fini par hocher doucement la tête en silence.
 
L’autre ne se départit pas de son sourire, surement pour mettre Elwing en confiance. Peut-être que, ce côté maladroit… presque envahissant, maladroit et impulsif dérangerait certaine personne… mais, à vrai dire, cela plu à Elwing. Elle se sentit assez rapidement en confiance.
 
Et puis, la femme se présenta à son tour et, au grand étonnement d’Elwing, lui demanda si elle pouvait papoter un peu… ? Elwing cligna des yeux étonnés mais enchanté. Elle aimait beaucoup parler et écouter aussi, alors elle ne dirait pas non.
 
  - C’est avec plaisir ! Répondit-elle.
 
Elle avait dit cela très spontanément, jugeant encore intérieurement si elle pouvait vraiment se permettre de la tutoyer. Elle se demanda d’ailleurs si la conversation pouvait virer sur quelque chose d’interressant au vu de leur différence d’âge non négligeable et donc un vision des choses plus ou moins simpliste et différentes.. ?
 
Elle décida donc à ne pas se compliquer la vie et à faire comme à son habitude : C’est-à-dire être très curieuse voir bavarde une fois qu’elle était mise en confiance.
 
-        - Vous… tu… tu viens souvent ici ? Tu as quel âge ? C’est indiscret comme question.. ? Roxanne, c’est un très joli prénom, qui te l’a donné ? Tu es venue trouver le calme mais ça ne te dérange pas de.. me parler ?

Elle Elle se tut un instant pour reprendre son souffle et observa son interlocutrice d’un air songeur.

-        - Je.. trouve que tu ressembles un peu à une amazone… !
 
Ses yeux pétillèrent avec l’air impressionné et une curiosité presque enfantine. Elle ne voulait pas donner l’impression d’être déplacé voir grossière.. peut être devait elle peser ses mots avant de parler !
 
-        - Oh, excuse moi, dis moi si je t’ennuie, je ne réfléchis pas toujours assez avant de parler !

Elwing était vraiment contente de cette rencontre ! Souvent, elle pouvait paraitre intrusive.. ou alors s’intéresser aux autres par politesse et paraitre hypocrite mais c’était entièrement faux ! Elle aimait partager et découvrir la vie des autres. Bien que ce n’était pas aux gouts de tous. Elle respectait. Mais trouver quelqu’un qui n’était pas déranger par cela lui faisait grandement plaisir !
 
Même si son interlocutrice l’avait plutôt pas mal intimidé aux premiers abords d’où la qualification d’une amazone. C’était tout à fait cela. Elle semblait du genre à être la femme forte qui sauvait un jeune homme en détresse… et non l’inverse.
 
Cela la fit doucement sourire.  Avec une pareille prestance et une carrure qui, de son point de vue devait faire réfléchir à deux fois avant d’aller chercher des ennuis auprès de cette guerrière-amazone, elle ne voyait même pas l’intérêt de posséder de la magie… elle paraissait tout droit sorti d’un livre !
 
Perdue dans ses pensées, observant son ainée de ses grands yeux ambrés, elle l’écouta attentivement alors, répondre à ses questions. Elle retint d’abord qu’elle aimait bien le calme, la nature… mais qu’elle était tout de même très sociable et que ça ne la dérangeait pas le moins du monde qu’elle lui pose des questions. Elle était également âgée de 22 ans et donc, à la fac probablement. Bien plus âgé qu’elle qui venait de souffler ses 16 bougies.
 
Elles étaient donc censées avoir une vision de la vie bien différente. L’une dans les yeux d’une adolescente et l’autre d’une jeune femme bientôt prête à entrer dans la vie active. Pourtant, Elwing était plutôt mature sur son âge et ne s’intéressait pas forcément aux mêmes choses que les camarades de sa classe. Beaucoup trouvait, par exemple son gout pour la musique classique étrange. Elle avait su assumer cet amour d’un autre temps par le biais de son instrument de prédilection : à savoir le piano. Véritable virtuose, elle avait commencé les cours dès l’âge de 3 ans.
 
La jeune femme ajouta qu’elle était adorable et fit une petite blague autodérisoire. Cela la fit rigoler un peu. En réalité, elle admirait un peu cette femme… comme une enfant qui se projetait, elle aurait bien voulu être comme elle… dans plusieurs années !
 
Et puis, toujours tout sourire, Roxanne lui dit qu’elle aurait allait lui poser des questions. Elwing hocha vigoureusement la tête.
 
Elle réfléchit un instant à ce qu’elle pouvait répondre et déclara joyeusement.
 
-        En effet, j’ai 16 ans et je suis en première année de lycée ! Non, je ne suis pas de la capitale, je viens d’une petite ville pas très loin…où j’ai vécu avec mes parents issus de la noblesse. J’ai… fini par étouffer parce que mon père était très stressé et ça n’allait plus… l’académie était pour moi, une sortie de secours !
 
Elle avait dit cela pleine d’entrain, comme si elle était partie pour une simple querelle de famille alors qu’elle avait pu jouer les ados rebelles. C’était bien différent pourtant, alors que ce père, stressé par son travail, avait levé la main sur sa fille une fois. Puis, c’était devenu quelques choses de quotidien. Jusqu’à ce qu’il cesse un jour. Peut-être avait-il compris ce que c’était que d’être un bon père.. ? Et puis il s’adonna à un plaisir malsain et abusa de son propre enfant, la chair de sa chair. Encore profondément ancré en elle alors qu’elle s’était murée dans un silence honteux… n’ayant eu aucun courage pour réagir, elle était partie. Sans aucune haine, culpabilisant même de n’avoir pas été une bonne fille tout simplement. Mais depuis ce jour elle avait décidé de tendre la main à chaque personne qui en avait besoin.
 
-        Et toi ? Tu viens de la capitale ? Pourquoi es-tu venue à l’académie ?
 
Elle contre-attaqua avec de nouvelles questions. Peut-être pour éviter de n’avoir à trop parler d’elle ? Malgré tout, elle n’allait surement pas paraitre malpoli. Elle était bien trop ravie de pouvoir parler !